Logo

Analyse de contenu de l’interview du Chef du gouvernement (5/8) : Inflation alimentaire, Chômage et promesse d’un million d’emplois

Gouvernance
28 septembre 2025, 22:34
Analyse de contenu de l’interview du Chef du gouvernement (5/8) :  Inflation alimentaire, Chômage et promesse d’un million d’emplois

Ce cinquième volet du dossier poursuit le décryptage de l’interview télévisée du Chef du gouvernement (10 septembre 2025). Après l’éducation, le social, le football, la cohésion politique, l’eau et l’agriculture, place à deux thématiques sensibles : la flambée des prix alimentaires et la promesse d’un million de postes de travail.

Axe :Inflation et prix alimentaires : l’huile d’olive en vitrine

Ce qui est dit: Le Chef du gouvernement a insisté sur une saison « record » pour l’huile d’olive, annonçant un doublement de la production, ainsi qu’une hausse de plus de 50 % pour les dattes et et surproduction de légumes et des agrumes.. Interrogé sur l’impact de ce doublement de l’huile d’olive sur le citoyen, il a répondu que « c’est le marché qui régule », laissant entendre que les mécanismes d’export et d’import décideront des prix.

Ce qui manque: L’annonce reste imprécise : le Chef du gouvernement n’a pas dit si ce « doublement » est calculé par rapport à 2024 année de sécheresse avec une récolte historiquement faible, ou à une moyenne pluriannuelle. Dans le premier cas, l’annonce est spectaculaire mais trompeuse, puisque la base de comparaison est artificiellement basse. Dans le second cas, l’effet serait réellement significatif, mais cela aurait dû être explicitement précisé. En outre, rien n’indique si cette hausse bénéficiera au marché intérieur. Les prix de l’huile d’olive, pourtant produit de base de la culture marocaine, restent inaccessibles à de nombreuses familles, surtout vulnérables. La logique de l’export semble primer, laissant le consommateur marocain face à un paradoxe : une abondance affichée, mais une consommation réduite par manque de moyens.

Analyse de contenu: Le registre est celui du succès chiffré et spectaculaire (« record », « doublement »). Mais en s’abritant derrière l’idée que « le marché régule », le Chef du gouvernement évite d’assumer la responsabilité politique de protéger le consommateur national. Ce décalage nourrit une dissonance : comment valoriser une production doublée alors que l’huile d’olive est devenue un produit de luxe sur les étals ? En filigrane, le discours révèle une hiérarchie implicite des priorités : la recherche de devises via l’export, plus que la sécurisation du pouvoir d’achat des citoyens.

Axe 11 : Chômage et promesse d’un million d’emplois

Ce qui est dit: Dès le début de son mandat, le Chef du gouvernement s’était engagé à créer un million d’emplois sur cinq ans. Dans l’interview, il rappelle cet objectif et indique que le gouvernement en a déjà atteint 600 000 à un an de la fin du mandat. Il affirme que le rythme permettra d’atteindre la cible en renforçant les investissements et en accompagnant les secteurs porteurs.

Ce qui manque: L’équation reste peu crédible, créer 400 000 postes en une seule année représenterait une performance historique, alors que les années précédentes n’ont pas permis un tel rythme. Aucun détail n’est donné sur les types d’emplois concernés : sont-ils durables ou provisoires, bien rémunérés ou faiblement payés ? L’absence de distinction entretient une confusion entre quantité et qualité. De plus, la contradiction interne est forte : le même discours reconnaît que des entreprises du BTP et de l’agriculture « peinent à recruter », alors que le chômage reste élevé, notamment chez les jeunes diplômés. L’interview n’explique pas ce paradoxe ni les politiques de formation adaptées.

Analyse de contenu: Le discours mobilise une rhétorique de la confiance et de la projection (« nous atteindrons », « nous réussirons »). Mais cette assurance masque un décalage avec les réalités statistiques et sociales. En ne précisant pas la nature des postes, ni les moyens concrets pour combler le retard, le Chef du gouvernement prend le risque d’alimenter le scepticisme. Pour les citoyens, la question reste entière : un emploi promis signifie-t-il une stabilité de revenu et de dignité, ou un poste provisoire et sous-payé ?

À retenir (5/8)

Dans ce cinquième article, deux constantes apparaissent :

• L’usage d’annonces spectaculaires (doublement de l’huile d’olive, un million d’emplois) ;

• La mise en avant de chiffres bruts, sans articulation claire avec les réalités vécues.

L’analyse de contenu révèle un discours orienté vers la visibilité et la confiance, mais qui élude les zones d’ombre : pouvoir d’achat en crise, emploi précaire ou provisoire, contradictions structurelles entre chômage massif et difficultés de recrutement. L’enjeu communicationnel persiste : comment traduire les chiffres en améliorations concrètes et perceptibles dans la vie quotidienne des citoyens ?

Rédigé par : WB

Laisser un commentaire