Logo

Grand Agadir : un projet de l’ONEE pour sécuriser l’eau potable face au stress hydrique

EnvironnementEAU
29 septembre 2025, 00:18
Grand Agadir : un projet de l’ONEE pour sécuriser l’eau potable face au stress hydrique

L’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) a lancé, le 20 août 2025, un projet stratégique de sécurisation de l’approvisionnement en eau potable du Grand Agadir. Doté d’un budget de 132 millions de dirhams, ce chantier consiste en la pose de 13 km de conduites et l’optimisation de la station de Tamri. Objectif : renforcer la résilience hydrique d’une région durement frappée par la sécheresse et la pression démographique.

Le projet, financé par l’ONEE avec l’appui de la Banque Islamique de Développement (BID), prévoit : • Le dédoublement de la conduite d’adduction entre Tamri et le réseau principal (13 km, Ø 1000 mm en acier revêtu) ;

• Une capacité de traitement de 1 100 litres par seconde à la station de Tamri ; • L’intégration de deux unités de dessalement monobloc (200 l/s).

La mise en service est prévue pour décembre 2025, afin de sécuriser l’alimentation du Grand Agadir même en cas de maintenance des stations existantes (comme Chtouka Aït Baha).

Enjeux environnementaux

Lutte contre le stress hydrique : le projet s’inscrit dans le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI 2020–2027). Il vise à diversifier les sources (barrages, dessalement, interconnexions), dans une région où les nappes phréatiques sont déjà surexploitées.

Empreinte écologique des infrastructures : • La pose de conduites et l’extension de la station peuvent perturber des zones naturelles côtières et des terres agricoles.

• Le dessalement, bien qu’efficace, reste énergivore et génère des rejets de saumure dans la mer, un impact environnemental qui doit être suivi de près.

Enjeux sociaux

Sécurité hydrique et équité : garantir un accès fiable à l’eau potable, c’est renforcer la santé publique et la stabilité sociale. Mais il faudra veiller à ce que cette ressource bénéficie équitablement aux habitants, et pas seulement au tourisme ou à l’industrie.

Acceptabilité et perception : La population soutient généralement ce type de projet, mais la hausse possible des tarifs de l’eau ou la perception d’une gestion « centralisée » pourrait créer des frustrations.

Ce chantier illustre la volonté du Maroc de faire de l’eau une priorité nationale. Mais pour être un projet réellement durable, plusieurs conditions doivent être remplies :

• Énergie verte pour alimenter les unités de dessalement et limiter l’empreinte carbone;

• Suivi écologique des rejets en mer pour éviter la salinisation des côtes ;

• Transparence dans la gestion des financements et de l’affectation de l’eau ;

• Partage équitable des bénéfices entre habitants, agriculture et tourisme.

La réussite du projet dépendra autant de la technologie que de la concertation :

• Impliquer les collectivités locales et les associations citoyennes ;

• Informer les habitants sur la gestion de la ressource ;

• Intégrer la société civile dans le suivi environnemental.

Le projet de sécurisation de l’eau du Grand Agadir est une infrastructure vitale dans un Maroc en première ligne face au changement climatique. Mais il sera jugé à l’aune de sa capacité à concilier environnement, social et économie.

La vraie réussite ne sera pas seulement de livrer 13 km de conduites supplémentaires, mais de garantir que chaque litre d’eau distribué soit le symbole d’une transition hydrique équitable et durable.

Rédigé par : WB

Laisser un commentaire