Site de le fédération royale marocaine de football : www.frmf.ma
En 2030, le Maroc coorganisera la Coupe du Monde avec l’Espagne et le Portugal. Une fierté nationale, mais aussi un pari risqué. Car si la recherche montre que l’impact économique direct d’un Mondial est limité, elle souligne aussi ses retombées sociales, psychologiques et symboliques. Le Maroc a fait le choix de miser sur le football : que peut-il réellement en tirer ?
L’annonce de la Coupe du Monde 2030 a été accueillie avec enthousiasme au Maroc. Pour beaucoup, c’est la consécration d’une passion populaire qui unit toutes les générations. Mais derrière l’euphorie, une interrogation persiste : est-ce que ce choix profitera vraiment au pays ?
Sur le plan économique, les études scientifiques internationales sont catégoriques : Les retombées d’une Coupe du Monde sont souvent en deçà des attentes. L’Afrique du Sud en 2010 et le Brésil en 2014 ont vu leurs dépenses dépasser largement les recettes. En effet, les bénéfices se trouvent ailleurs, dans l’image du pays, le tourisme futur et la modernisation des infrastructures. Pour le Maroc, ce sera l’occasion de renforcer ses aéroports, son réseau ferroviaire et d’améliorer sa visibilité internationale. Mais il faudra éviter les stades vides après 2030, les fameux « éléphants blancs ».
Au-delà des chiffres, le football est un levier social puissant. L’Académie Mohammed VI est déjà reconnue comme un modèle africain, et la formation de jeunes talents génère des retombées sportives, économiques et éducatives. Les centres de formation offrent discipline, éducation et perspectives à une jeunesse nombreuse. Le football amateur, lui, crée du lien social et de l’inclusion, selon l’UEFA, chaque euro investi dans le sport de base rapporte plusieurs euros en bénéfices pour la santé publique et la cohésion.
Le Mondial 2030 posera aussi un défi environnemental. Les grands événements sportifs ont une empreinte carbone lourde liée aux déplacements, à la construction des stades et à la consommation d’énergie. Mais la co-organisation entre trois pays limitera les excès. Pour le Maroc, c’est l’occasion de transformer le football en moteur de transition écologique, en investissant dans les transports durables, l’efficacité énergétique et le recyclage.
Sur le plan psychologique, l’effet est indiscutable. Les chercheurs parlent du « Feel good effect » : une hausse du bien-être collectif et de la fierté nationale, observée en Allemagne lors du Mondial 2006. Le Maroc pourra s’appuyer sur cette dynamique pour renforcer son soft power et son image internationale. Mais attention, des attentes trop élevées peuvent vite tourner en déception si les résultats sportifs ou l’organisation ne suivent pas.
Reste la question des priorités. Beaucoup de Marocains se demandent pourquoi investir autant dans le football alors que l’éducation et la santé manquent de moyens. Une question légitime. Mais le football n’est pas nécessairement un concurrent, il peut être un complément, à condition que l’État assure une gouvernance transparente, partage les coûts avec le privé et prépare un héritage durable.
En misant sur le football, le Maroc ne s’achète pas une victoire économique, mais il peut renforcer sa jeunesse, son unité et son image à l’internationale. Tout dépendra de sa capacité à transformer l’événement en un projet durable, où le ballon rond devient un levier de développement sociétal et environnemental.
Sources utilisées
• Dobson, S. & Goddard, J. — The Economics of Football, Cambridge University Press.
• Szymanski, S. — Money and Football: A Soccernomics Guide, Nation Books.
• Sloane, P. — “The Economics of Professional Football: The Football Club as a Utility Maximiser” (Scottish Journal of Political Economy, 1971).
• Szymanski, S. & Smith, R. — “The Economics of the English Football League” (Economic Journal, 1997).
• Peeters, T. & Szymanski, S. — “Financial Fair Play in European Football” (Economic Policy).
• Études ex post sur les Coupes du Monde 1994, 2006, 2010, 2014 (Journal of Sports Economics ; Economic Policy).
• UEFA — European Club Finance and Investment Landscape.
• UEFA — Social Return on Investment (SROI) in Grassroots Football.
• FIFA — Global Transfer Report 2024.
• Deloitte — Annual Review of Football Finance 2024–25.
• KPMG Football Benchmark — European Elite (2024).
• Études sur l’impact psychologique de la Coupe du Monde 2006 (Allemagne), les retombées touristiques de l’Afrique du Sud 2010, et les analyses environnementales du Qatar 2022.
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