Dans quinze, dix-huit ou vingt ans peut être, nos enfants viendront nous demander des comptes. Leurs regards pèseront sur nous comme un jugement plus dur que tous les tribunaux. Que répondrons-nous de notre silence face aux massacres de Gaza ?
Dans quinze ans. Dans dix-huit ans. Dans vingt ans. Ils viendront. Nos enfants, nos filles, nos fils, les enfants de nos enfants. Leur regard pèsera sur nous comme un jugement plus dur que tous les tribunaux réunis. Ils ne demanderont pas l’histoire, ils demanderont la vérité. Et leurs voix s’élèveront : « Comment avez-vous pu ? Comment avez-vous pu regarder sans voir, entendre sans écouter, connaître sans agir ? »
Cher enfant, il est vrai que nous avons cru aux Occidentaux. Nous avons pensé qu’ils allaient arrêter ces atrocités, car ils avaient réussi à nous inculquer leurs valeurs : la liberté, l’égalité, la justice, les droits humains. Mais nous avons découvert que ces valeurs étaient à géométrie variable. Elles brillaient dans certains lieux et s’éteignaient dans d’autres, comme si elles n’étaient pas universelles mais conditionnelles. Comme si la vie de certains valait plus que la vie des autres. Alors, quand vous nous interrogerez, nous vous dirons : oui, le roi du Maroc a envoyé des aides alimentaires. Oui, le peuple marocain est descendu dans la rue, par dizaines de milliers, pour manifester sa solidarité. Oui, certains sont même allés jusqu’en Égypte pour porter leur soutien. Mais face aux puissances mondiales, face aux États-Unis d’Amérique et à leurs alliés, nous étions comme de simples hommes devant un monstre tentaculaire, menaçant de nous broyer, de broyer aussi ceux que nous aimons. Et pour ne pas vivre doublement la douleur des Gazaouis, nous avons choisi de nous taire. Mais chaque silence nous revenait comme une gifle. Chaque jour nous réveillait avec la même culpabilité : pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi mangeons-nous alors qu’ils meurent de faim ? Pourquoi vivons-nous, et pas eux ? Pourquoi sommes-nous aussi lâches ?
La torture psychologique fut terrible. Une douleur différente, certes, très différente de la leur, mais un supplice bien réel. Le poids de la honte, de l’impuissance, de la culpabilité nous broyait intérieurement. Nous avons survécu, mais avec une plaie invisible, une plaie qui ne cicatrisera jamais vraiment.
Mais arriverons-nous à vous convaincre avec ces explications ? Nous en doutons. Nous en doutons fort. Car l’Homme ne peut comprendre ce que signifie l’anéantissement, s’il ne l’a pas lui-même traversé. Comment expliquer l’indicible ? Comment justifier le silence devant l’injustifiable ?
Et pourtant, au nom de l’humanité, au nom de notre histoire commune, au nom même de cette langue qui nous relie, nous devons continuer à parler. Ne pas cesser d’écrire, de chanter, de dessiner. Ne pas cesser de raconter. Ce sont nos armes douces, les seules qu’il nous reste. Des armes fragiles, mais des armes de mémoire. Car si nous n’avons pas pu empêcher la mort, nous pouvons empêcher l’oubli. Et parfois, empêcher l’oubli, c’est déjà préparer la justice.
Il est encore temps.
Temps d’écrire, temps de dire, temps de témoigner, temps d’agir.
Non pas seulement pour Gaza. Mais pour l’humanité. Pour que la mémoire future ne soit pas un procès sans appel, mais un héritage de dignité.
Alors quand nos enfants viendront, que nos yeux croiseront les leurs, qu’aucun souffle de honte ne nous étouffe. Que nous puissions leur dire, sans trembler : « Nous n’avons pas tout sauvé. Mais nous n’avons pas détourné le regard. »
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